15,6 millions. C’est le nombre estimé de voitures électriques qui seront en circulation en France d’ici à 2035, contre 600 000 actuellement. Ce changement drastique des habitudes de transport va-t-il avoir raison du réseau électrique Français ? C’est en tout cas ce que beaucoup se demandent. Cet afflux de véhicules électriques, venant avec leurs lots de batteries à recharger, risque de mettre à mal la stabilité du réseau. Toutefois, ce n’est néanmoins pas ce qu’en pense RTE.
Le gestionnaire du réseau électrique français a rendu mercredi ses conclusions à ce sujet, présentant plusieurs arguments s’appuyant sur les dernières données en date. D’après la directrice Innovation et Données chez RTE, le réseau électrique évoluera avec les habitudes de consommation, et sera largement en mesure d’essuyer la future demande grandissante en électricité.
Le système d’énergie Français à l’épreuve de la mobilité électrique
Dans les années à venir, la France a pour vocation d’adapter son réseau de transports pour l’inscrire dans la transition énergétique. C’est notamment dans cet ordre d’idées qu’on a vu naître le projet de loi des Zones à Faibles Emissions, interdisant la circulation de certains véhicules polluants dans les agglomérations métropolitaines de plus de 150 000 habitants.
Allant de pair avec ces innovations, on attend, d’ici à 2035, un boom des voitures électriques. On estime que près de 15,6 millions de ces véhicules seront alors en circulation. Cette évolution drastique des transports vient avec une interrogation : le réseau électrique sera-t-il en mesure de supporter le rechargement de toutes ces batteries ?
Les experts craignent une surcharge du réseau électrique Français pouvant entraîner un black-out avec l’arrivée massive des véhicules électriques.
Une saturation du système électrique n’est-elle pas à craindre, aux heures auxquelles tous les usagers rechargeront leurs véhicules en même temps ? Le gestionnaire du réseau de transport d’électricité, RTE, qui a la lourde tâche d’assurer une balance constante entre l’offre et la demande, n’est pas de cet avis.
Selon la directrice Innovation et Données chez RTE, Maïté Jaureguy-Naudin, « le système électrique français est prêt pour un développement massif de la mobilité électrique« . Il n’y aurait donc, a priori, pas de risque de black-out ou de surtension du réseau à cause des voitures électriques. La France devrait, d’ici 2035, se doter d’une marge de sécurité importante entre l’énergie produite et l’énergie consommée.
Des montées en puissance à prévoir pendant les vacances
Dans les faits, selon les prévisions de RTE, le réseau français devrait être en capacité de générer jusqu’à 600 TWh d’électricité. Sur cette production considérable, le rechargement des voitures électriques ne devait représenter qu’une petite partie de la consommation. En tout et pour tout, « seulement 8% » affirme RTE.
Concrètement, c’est 40 à 60 TWh d’énergie supplémentaires par an que devrait représenter la consommation des transports électriques. Toutefois, le gestionnaire du réseau électrique émet quelques réserves. Même si cette demande en électricité reste en dessous de la production, des pics de puissance exceptionnels pourraient avoir lieu dans certaines situations.
Les veilles de gros départs en vacances, surtout en hiver, occasionneraient de forts pics de consommation d’énergie.
Cela pourrait notamment être le cas des départs en vacances. En particulier pour la période hivernale. Si un nombre conséquent d’usagers utilisant des véhicules électriques rechargent leurs batteries au même moment, cela pourrait représenter un pic de consommation assez important. Alliée avec une période de grand froid, cette situation pourrait même représenter un point de vigilance.
En hiver, on assiste effectivement à des montées en puissance pouvant aller jusqu’à 100 GW. La consommation entraînée par rechargement massif des véhicules électriques pourrait alors s’ajouter à ce chiffre. RTE reste pourtant confiant, et assure que le risque de surtension est sans danger.
Les voitures électriques : une aubaine pour la gestion du réseau ?
Outre durant la période hivernale, une étude des habitudes de consommation montre que des pics occasionnels pourraient subvenir aux alentours de 19H. Ce serait en effet le moment où le plus de voitures électriques seraient rechargées à domicile. RTE voit dans cette caractéristique une occasion de fluidifier le trafic électrique et d’anticiper les montées en puissance.
En installant des bornes de recharges sur les parkings des lieux de travail, il serait en effet possible de réduire de 25% les pics en soirée. Pour suivre ces nouvelles habitudes de consommation, RTE compte également sur la participation active des fournisseurs d’énergie, et la mise en place de forfaits spéciaux adaptés aux utilisateurs de véhicules électriques.
L’arrivée des voitures électrique devrait entraîner une meilleure gestion du réseau et de nouvelles habitudes de consommation.
De surcroît, la voiture électrique pourrait offrir d’autres avantages au réseau électrique Français. La technologie V2G dont sont équipés certains modèles de véhicules électriques, permettrait de les transformer en véritable réservoir d’énergie. Dans cette optique, elles pourraient proposer des services de réponse à la demande.
Ainsi, lorsque la demande en électricité est trop élevée et qu’une voiture est en charge, son niveau de charge pourrait être réduit, ou l’électricité présente dans la batterie pourrait être renvoyée dans le réseau. Malheureusement, cette technologie avant-gardiste n’est disponible qu’avec un seul type de borne, et uniquement sur les voitures de la marque Nissan. Avec la démocratisation des transports électrique, RTE appelle à une baisse du coût de la V2G, et un déploiement plus important.
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