Dans son étude « futurs énergétiques 2050 », RTE, le gestionnaire du réseau de transport électrique français, se charge d’analyser différents scénarios concernant le mix énergétique en France pour les années à venir. Le but de ce rapport est de présenter diverses solutions, pouvant amener à un même résultat : la neutralité carbone pour l’année 2050. Pour atteindre cet objectif pharaonique, une transformation drastique de l’économie s’impose. Le mode de vie de tout un chacun devra, de même, se plier à certains changements.
Concernant, cette fois, le secteur de l’énergie, une restructuration du système électrique est également à prévoir, notamment au niveau de la production. Qui dit neutralité carbone dit, en effet, réduction drastique de la consommation d’énergies fossiles. Le réseau électrique doit alors s’adapter à ces nouveaux modes de consommation. Le gestionnaire du réseau a été mandaté pour étudier les conséquences de ces différents changements. Ce lundi 25 octobre à 10h30, RTE tenait une conférence de presse pour présenter les résultats de cette étude.
RTE annonce 6 scénarios à l’étude pour les futurs énergétiques 2050
Futurs énergétiques 2050 est une étude portant avant tout sur les évolutions du système électrique en France. Selon RTE, le gestionnaire du réseau de transport électrique français chargé de mener l’étude, 6 scénarios sont étudiés dans ce rapport. Chacun de ces scénarios est constitué d’un ensemble de changements et de résolutions, permettant, sur le long terme, d’atteindre la neutralité carbone tant convoitée pour l’année 2050. Ainsi, les 6 scénarios s’affichent comme 6 avenirs possibles, 6 futurs énergétiques différents dans lesquels la France pourrait s’engager durablement.
RTE est chargé d’étudier les changements inévitables que devra subir le réseau électrique français sur les prochaines décennies.
Le gestionnaire du réseau de transport électrique français étudie ainsi tous les aspects principaux de ces 6 scénarios. Dans ces études, RTE prend ainsi en compte le niveau de développement de l’industrie, ainsi que la répartition des usages et la consommation moyenne qui en découle. Quelques-uns des 6 scénarios d’évolution du mix énergétiques français présentent des points communs, notamment en matière de diminution de consommation d’énergie. Néanmoins, ils présentent également de grosses différences : d’un scénario étudié à l’autre, la part d’énergie renouvelable n’est pas la même. Autre problématique au cœur de cette étude : la relance du parc nucléaire français.
Ces 6 scénarios sont étudiés par RTE selon quatre axes d’analyse :
- la technique (la faisabilité du projet, ses implications industrielles) ;
- l’économie (le coût global du scénario envisagé) ;
- les retombées environnementales (le contrecoup) ;
- l’impact sur le mode de vie (les effets sur la vie des Français).
Ce lundi 25 octobre, c’est donc dans une conférence de presse en direct que RTE présentait les principaux enseignements découlant de l’étude. Il est bon de rappeler que RTE n’est qu’un consultant, mandaté par l’état pour effectuer cette analyse et ces projections sur le système électrique français. Le bilan de cette étude devrait permettre d’y voir plus clair concernant les différentes options envisageables afin d’atteindre la neutralité carbone pour 2050. Dans cette affaire, RTE n’a, en réalité, aucun pouvoir décisionnel. Le gestionnaire du réseau de transport se contente de livrer les résultats de son analyse. C’est ensuite à l’exécutif de prendre les décisions qui s’imposent, concernant notamment la problématique omniprésente du réchauffement climatique.
Sortir des énergies fossiles pour entrer dans la neutralité carbone
C’est un fait : le mode de vie et l’économie française reposent, encore aujourd’hui, sur une grosse part d’énergies fossiles. En tout et pour tout, au moins 60% de l’énergie utilisée est d’origine fossile. Le rapport de RTE met d’ailleurs cette problématique en avant. Or, le système énergétique français se doit de se distancier grandement des énergies fossiles pour atteindre la neutralité carbone. Cet objectif carbone neutre est, selon le gestionnaire, atteignable avec « un coût maîtrisable ». Ce nouveau bilan était également l’occasion de rappeler la situation inquiétante dans laquelle se trouve le climat : « il y a urgence à se mobiliser » souligne RTE, phrase inquiétante ressortant en gras dans son rapport.
La sobriété des consommations énergétiques appelle à un changement sociétal majeur.
Dans ses projections, RTE prévoit une hausse de la consommation française d’électricité d’ici à 2050. Une augmentation de plus de 35% par rapport à la consommation actuelle est à prévoir selon ses premières estimations. Le mix énergétique du futur se devra donc de composer avec cette hausse drastique. Une électrification des usages et des secteurs les plus gourmands en énergies fossiles est également à prévoir, faisant monter encore davantage la consommation.
Pour réduire cette augmentation, RTE préconise (et envisage) une sobriété dans les modes de consommation, mettant sur le devant de la scène la réduction des déplacements individuels et la systématisation du télétravail. Le gestionnaire du réseau le rappelle : le projet de sobriété énergétique est, plus qu’une démarche économique et politique, un véritable projet de société. Cette sobriété, alliée avec une efficacité énergétique décuplée, représente la clé vers la réalisation des objectifs climatiques.
L’avenir du nucléaire en France : renouvellement du parc ou sortie totale ?
C’est, bien entendu, l’avenir du parc nucléaire français qui est au cœur de la réflexion du gestionnaire du réseau. Parmi les 6 scénarios envisagés, la moitié fait la part belle au nucléaire, quand les autres privilégient un nouveau mode de production. L’argument principal en faveur de l’énergie nucléaire étant ses émissions de CO2 très faibles. RTE mise également sur une diminution de la consommation d’énergie, qui va entraîner une augmentation de la consommation électrique, se substituant aux énergies fossiles. Des mesures doivent donc être prises pour soutenir ce passage à un mode de consommation plus neutre en carbone, débarrassé des énergies fossiles.
Un développement rapide des énergies renouvelables, notamment des parcs éoliens, est à prévoir dans plusieurs scénarios pour les futurs énergétiques 2050.
De l’autre côté, ce sont donc les énergies renouvelables qui sont poussées sur le devant de la scène. RTE l’annonce clairement, sans détour : la neutralité carbone en 2050 ne pourra pas se faire sans un développement conséquent des énergies renouvelables. C’est un élément indispensable pour la réalisation de ce projet. Dans cette partie de son bilan, le gestionnaire souligne également que le maintien du parc nucléaire français, même s’il permet de décarboner drastiquement la production française, ne suffit pas à passer un réseau énergétique neutre en carbone. Néanmoins, l’arrêt total du nucléaire nécessite un développement des énergies renouvelables à un rythme extrêmement rapide.
Les 6 scénarios prévus par RTE :
- M0 : 100% d’énergies renouvelables pour 2050 ;
- M1 : développement des EnR sur tout le territoire français ;
- M3 : accent mis sur les grands parcs éoliens, sur terre et en mer ;
- N1 : nouveaux réacteurs nucléaires et développement des EnR ;
- N2 : construction plus soutenue de réacteurs nucléaires au détriment des EnR ;
- N3 : une part égale de nucléaire et d’énergies renouvelables.
RTE présent, en définitive, les avantages et les inconvénients des deux modes de production. D’un côté, le nucléaire permet une revalorisation de l’économie, et une énergie bas carbone. De l’autre, les énergies renouvelables à grande échelle présentent une solution compétitive et plus respectueuse de l’environnement, tout en présentant un enjeu d’occupation de l’espace. Dans tous les cas, le gestionnaire prévient : dans le cadre de la transition énergétique, le réseau électrique doit impérativement être repensé et redimensionné. Le réseau smart grid, en cours de déploiement, pourrait être une solution durable pour accompagner les futurs énergétiques en France.
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