La Chine est souvent vue depuis l’Occident comme un des plus gros pollueurs au monde, peu soucieux de son empreinte carbone. Il s’agit toutefois de l’un des pays les plus impactés par le changement climatique. C’est pourquoi, à rebours de cette vision caricaturale, ce pays semble particulièrement se soucier des enjeux environnementaux et énergétiques du moment. Ainsi, une conférence s’est tenue récemment sur la production d’énergie solaire en Chine, et sa part face aux énergies fossiles. Quelques objectifs affichés : doubler la production photovoltaïque dès l’an prochain et à l’horizon 2025 ; mais aussi, réduire la part absolue des énergies carbonées à partir de 2030.
Seulement 33,1 GW d’énergie solaire produits en Chine en 2020
Ce jeudi 22 octobre, c’est à Jintan dans la province du Jiangsu, au Nord de Shanghai, qu’a eu lieu une conférence sur l’énergie photovoltaïque. Celle-ci a souligné des objectifs assez ambitieux, dans la droite ligne des Accords de Paris conclus en 2015. L’ambition présentée est double : il s’agit à la fois de réduire « considérablement » la part des énergies fossiles dans la consommation énergétique du pays, et d’augmenter « rapidement » cette part pour les énergies renouvelables — avec en tête, le solaire et l’éolien.
Concrètement, quels chiffres sont à retenir ? La croissance de l’énergie solaire, tout particulièrement, devrait marquer la Chine dans les années à venir. Si une production solaire de 33,1 GW est prévue pour 2020, celle-ci doit passer un cran au-dessus les prochaines années. Ainsi, pour 2021 à 2025, la China Photovoltaic Industry Association prévoit une production de 65 GW par année en moyenne ; une somme ambitieuse, au double de ce qui est fait actuellement.
Le photovoltaïque connaît ainsi un développement important du côté de la Chine. La ville de Jintan n’a pas été choisie au hasard, puisqu’il s’agit d’une base arrière de cette filière dans le pays le plus peuplé au monde. L’année précédente, le secteur solaire représentait ainsi 30 milliards de yuans (près de 4 milliards d’euros) en chiffre d’affaires ; soit tout de même environ 0,03% du PIB du pays. Une part vouée à augmenter drastiquement, pour compenser l’exploitation d’énergies fossiles.
Les Accords de Paris prévoient une neutralité carbone d’ici 30 ans
Ces ambitions concernant l’énergie solaire en Chine répondent à une stratégie de long terme. Même si la somme absolue des émissions de CO2 par le pays sont encore vouées à augmenter, celles-ci sont censées connaître un infléchissement à partir de 2030. Ainsi, dans 10 ans et pour les années qui suivront, l'empreinte carbone de la Chine devrait donc diminuer, afin de viser une neutralité en CO2 à l’horizon 2060.
Une date qui peut sembler lointaine, mais qui correspond à un bel effort pour un pays de cette taille. La Chine est en effet l’émettrice de 20% environ des rejets de gaz à effets de serre dans le monde. Cette date de 2060 répond par ailleurs aux ambitions énoncées lors de la COP21 en 2015, où il a été proposé et admis comme objectif global que tous les pays signataires devraient atteindre une carboneutralité pour la deuxième moitié du XXIème siècle.
C’est d’ailleurs ce qui est aussi censé motiver la France dans ses efforts de réduction de CO2. Le pays a mis en place une « Stratégie Nationale Bas-Carbone » (SNBC), avec de nombreux leviers à disposition. Issue de lois votées en 2015 également, cette stratégie prévoit par paliers de 5 ans une réduction progressive des « budgets carbone » ; qui s’appliquera proportionnellement à tous les secteurs dotés d’une empreinte énergétique forte (transports, industrie, agriculture). La fin du plan quinquennal actuel est censée se tenir en 2023, et un bilan pourra se faire à ce moment. Difficile, pour l’instant, de savoir si les réalisations sont à la hauteur des objectifs, en France comme en Chine.
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