Energies

Ce mercredi 4 novembre, il n’y avait pas que les élections à retenir aux États-Unis. D’autres décisions se jouent au même moment, aux conséquences non moins importantes pour le monde entier, et sur le long terme. C’est en effet ce jour que la sortie des Accords de Paris devient effective pour les États-Unis ; une décision datant du début de l’administration Trump en 2017, qui avait alors fait couler beaucoup d’encre. Le géant outre-Atlantique a un impact majeur dans ces accords, comme État pionnier dans le domaine énergétique — et donc environnemental —à cause de sa population mais surtout de son économie. Cette décision a aussi évidemment un impact diplomatique non-négligeable.

Des accords de Paris voulus par les États-Unis, puis laissés pour compte

La COP21, conférence mondiale sur le climat, s’est tenue en France en décembre 2015. Dans la continuité de nombreux sommets climatiques, cet évènement a débouché sur un accord censé réduire l’impact humain sur les changements environnementaux ; notamment l’impact carbone et les émissions de gaz à effet de serre. Les accords de Paris prévoient notamment des objectifs de long terme : neutralité carbone de chaque État signataire à l’horizon 2050. Des moyens de court et moyen terme sont mis en place pour cela, comme le désinvestissement progressif des énergies fossiles. Le but avoué est ainsi de contenir le réchauffement climatique annoncé par le GIEC de quelques degrés pour le siècle entamé.

Accords de Paris Cop21 2015

La COP21 a réuni 195 pays de l’ONU en décembre 2015 à Paris pour traiter l’urgence climatique.

Sur tous ces points, un certain volontarisme semblait émaner de l’administration Obama entre 2008-2016. Ainsi, les États-Unis ont été un des pays les plus actifs dans l’organisation de cette conférence, aussi bien sur un plan fédéral que dans les administrations locales. Après le raté du protocole de Kyoto, le géant américain a donc fini par valider les accords.

Néanmoins, le mandat suivant en a décidé autrement ; en juin 2017, 6 mois après son élection, Donald Trump a signifié la sortie des accords de Paris de la part de son pays, comme promis durant sa campagne. Cette décision est motivée par des justifications économiques telles que « baisser le prix de l’énergie », ainsi que par une volonté de « souveraineté ». Bien que très décriée à l’international comme en interne, cette décision est désormais effective depuis hier.

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Les États-Unis, pays le plus énergivore au monde : réalité ou fiction ?

Pour comprendre l’impact de cette décision, il faut étudier ce qu’elle représente quantitativement. Après la Chine, les États-Unis représentent le deuxième plus gros pollueur au monde en absolu ; environ 16% des émissions mondiales de gaz à effet de serre sur l’exercice 2019. Tout en sachant que, par habitant, les États-Unis polluent environ 3 fois plus que la Chine.

En production comme en consommation d’énergie, il s’agit donc d’un acteur de premier plan. Il convient de garder en tête qu’une bonne partie de la production énergétique du pays reste par ailleurs largement carbonée : le cumul du charbon et du gaz naturel représente ainsi plus de 50% de l’électricité produite.

États-Unis éolien

Le parc éolien ne représente encore que 9,1% du mix énergétique des États-Unis. Certains États, comme le Texas, montent néanmoins au-delà de 20%.

Côté mix énergétique des États-Unis, une tendance se dégage ces 10 dernières années. La part du charbon a en effet fortement chuté aussi bien dans la production que la consommation : de 44,5% à 17,5% en dix ans environ. Cela tient à de multiples raisons, évidemment antérieures à la crise sanitaire et économique de 2020. Toutefois, la majorité de ce déclin est absorbé par le gaz naturel, qui marque une forte hausse de son côté ; la part relative des deux énergies carbonées ne décroît donc pas. Quant aux énergies renouvelables, elles arrivent après le nucléaire (environ 20% de la production, soit le premier parc au monde). C’est à ces égards que la sortie des accords de Paris reste capitale pour le monde entier.

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Retour dans les Accords de Paris avec Joe Biden comme Président ?

Peut-être que cette sortie ne sera pas si définitive, et que les accords de Paris accueilleront à nouveau les États-Unis aussi rapidement. La décision de l’administration Trump n’est en effet pas du goût du clan démocrate. Joe Biden, candidat du clan le plus progressiste, a souligné qu’en cas de victoire de son côté, les États-Unis rejoindraient à nouveau les pays signataires de l’accord issu de la COP21. Le candidat de 77 ans a réitéré hier dans un tweet ; alors que, malgré le contexte d’équilibre des forces et de troubles internes, la victoire électorale semble lui revenir. Une réponse définitive sera donnée à cet égard en décembre, lorsqu’une éventuelle décision judiciaire aura tranché sur le vainqueur.

« Aujourd’hui, l’administration Trump a officiellement délaissé l’Accord de Paris sur le Climat. Et dans exactement 77 jours, une administration Biden retournera signer cet accord. » (traduction artisanale)

Quoi qu’il en soit, la position finale des États-Unis aura de grandes conséquences hors des 50 États concernés. Les États-Unis sont encore un pays très observé et très suivi par nombre de puissances ; et la position de Trump avait incité certains de ses alliés objectifs sur le plan international à adopter des postures similaires. Ce fut ainsi le cas du Brésil de Bolsonaro, de la Russie de Poutine ou encore de la Turquie d’Erdogan : sans sortir de l’accord, ces pays ont signifié à leur manière une certaine approbation de la décision étasunienne. Approbation qui pourrait bien rester lettre morte si jamais Joe Biden gagne les élections et effectue un rétropédalage. Affaire à suivre, à l’heure où Donald Trump emploie des recours juridiques pour contester le vote national.

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