EDF

Le 63 rue Sainte Anne, dans le deuxième arrondissement de Paris, illustre l’accueil plus que mitigé du projet Hercule. Ce mardi 19 janvier, des militants de la CGT ont jeté des centaines de compteurs Linky devant le siège de LREM. Démonstration attenante à la journée de grève d’EDF, ce jet de compteurs électroniques démontre le rejet de la politique actuelle concernant EDF. Le gouvernement, en grande partie constitué d’adhérents à La République En Marche, appuie la réorganisation complète d’Électricité de France (EDF). La mobilisation a été suivie à travers l’ensemble de la France, mais c’est sans doute l’image de ces compteurs Linky amassés en montagne qui restera dans les mémoires.

Des montagnes de compteurs Linky devant le siège de LREM contre le projet Hercule

Le mardi 19 janvier 2021 était une journée de mobilisation particulièrement suivie pour EDF. Le motif de cette journée expliquant la grève de 28% des agents de l’entreprise ? Le même qui alimente les tensions depuis sa présentation en juin 2019. Le projet Hercule, annonçant la scission d’EDF en plusieurs entités, demeure ainsi contesté. Nombre de militants à travers la France ont prouvé leur volonté de faire reculer le gouvernement à cet égard. Si de nombreuses villes ont accueilli les manifestations d’agents EDF et Engie, les médias font la une de cette image de compteurs Linky jetés devant le siège LREM, au 63 rue Sainte Anne.

Des compteurs Linky jetés contre les projets Hercule et Clamadieu.

Les manifestants ont jeté des compteurs Linky et Gazpar devant le siège de LREM.

Plus de 200 militants de la CGT s’étaient rassemblés à cet endroit, après un trajet en autobus, pour déverser le contenu de leurs sacs. À l’intérieur, des nuances de vert et d’orange, pour autant de compteurs Linky ou Gazpar. Ces deux compteurs communicants, correspondants aux énergies de l’électricité et du gaz, ont ensuite été jetés dans cette voie du second arrondissement parisien. Fabien Gay, sénateur communiste de la Seine-Saint-Denis, dénonçait « une spoliation du bien commun » lorsque retentaient les slogans de contestation tels que « L’électricité et le gaz, c’est pas pour le privé, c’est un droit pour tous les usagers !« 

Ces projets de remaniement structurels ne concernent pas uniquement EDF ; Engie, à travers la volonté de réorganisation de Jean-Pierre Clamadieu, est aussi concerné. Par conséquent, c’est l’ensemble des principaux acteurs énergétiques français qui était, le 19 janvier 2021, touché par cette grève. Il s’agit d’un énième signe de désapprobation envoyé auprès du gouvernement, soutenant ces réorganisations à venir. En juin 2019, Emmanuel Macron, Président de la République, avait ainsi demandé au PDG d’EDF Jean-Bernard Lévy d’étudier scrupuleusement le projet de scission visant l’entreprise. La journée de grève commune à EDF et Engie sera-t-elle suffisante pour enrayer ce processus ?

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En quoi consistent les projets Hercule et Clamadieu d’EDF et Engie ?

Aussi bien le projet Hercule que Clamadieu, respectivement pour EDF et Engie, alimentent la controverse depuis leur présentation. Si chacun possède ses critères propres, ils révèlent une même volonté à l’égard des acteurs historiques de l’énergie. Cette grève aura mobilisé plus d’un agent sur quatre ; en cas de rejet des revendications par le gouvernement, il y a fort à parier que les débats ne s’arrêtent pas là. En quoi ces remaniements annoncés vont-ils affecter EDF, Engie, et leurs employés ?

Le PDG d'Engie, entreprise qui manifeste contre les projets Hercule et Clamadieu.

Jean-Pierre Clamadieu, PDG d’Engie, dont les décisions sont contestées.

  • Le projet Hercule vise à scinder EDF en trois parties distinctes. La première, EDF Bleu, resterait une entreprise publique, contrôlée à 100% par l’État. Elle inclurait les activités liées au nucléaire et au transport de l’électricité par RTE. En revanche, la section EDF Vert s’ouvrirait à l’actionnariat privé. Elle comporterait le distributeur Enedis, les énergies renouvelables ainsi que des opérations commerciales du groupe. Selon les syndicats, il s’agit des sections ayant des revenus garantis. Pour finir, EDF Azur ferait son apparition, gérant l’administration de l’hydroélectricité en France. La raison de cette réorganisation est simple. Elle doit permettre d’éponger les considérables dettes de l’entreprise détenue à 83,6% par l’État français. Celles-ci, à la fin de l’année 2019, s’élevaient à 60 milliards d’euros. Il faudrait pour cela amorcer une réforme de la régulation du prix de vente de l’électricité. Cette dernière doit impérativement se concrétiser par la scission des activités nucléaires d’EDF de ses opérations commerciale ; ceci, afin d’être en accord avec les lois européennes.
  • L’acteur historique du gaz français, Engie, est aussi en proie à un projet de réorganisation. C’est à travers son PDG, Jean-Pierre Clamadieu, que les desseins de l’entreprise se sont précisés. Auditionné en novembre 2020 par le Sénat, le dirigeant admettait réfléchir à l’avenir de 2/3 de ses activités commerciales, évalués à 12 milliards d’euros. La maintenance, l’installation ou la gestion de site, « loin des métiers de l’énergie », seraient concernées. Dans le même temps, Engie envisagerait de céder une partie du capital du réseau de transport de gaz français. À ce jour, l’entreprise possède 75% de GRTGaz. En octobre, déjà, près de 30% des parts de Suez avaient été revendues à Véolia, son rival historique.
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