L’alliance aux 5, 9, et 14 yeux : quel VPN pour s’en protéger ?

Les pays de l'alliance aux cinq yeux

L'essentiel à savoir sur l'alliance des 5, 9 et 14 yeux

Alliance aux cinq yeux pays

L’alliance des 5, 9 et 14 yeux décrit une coopération internationale entre les services de renseignement :

  • Des États-Unis, du Royaume-Uni, du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande
  • De la France, des Pays-Bas, de la Norvège et du Danemark.
  • De la Belgique, de l’Allemagne, de l’Italie, de l’Espagne et de la Suède.

Les objectifs de cette alliance de surveillance intergouvernementale sont notamment l’espionnage, la collaboration entre services de renseignement, la prévention des conflits militaires ainsi que la surveillance des internautes et de leurs activités en ligne.

Sommaire
Le contenu de cette page a été vérifié par un expert de la rédaction en date du 07/02/2024

Sur Internet, la question de la surveillance et de l’espionnage se pose. Il s’agit aujourd’hui d’un média très utilisé par les gouvernements pour recueillir des informations sur la population, voire mener des enquêtes. L’espionnage entre différents pays du monde s’effectue entre autres par ce biais. Il n’est donc pas rare d’entendre parler de l’alliance des 5 yeux, 9 yeux ou 14 yeux.

Ce rassemblement international créé suite à la Seconde Guerre mondiale semble sans cesse s’étendre. Ses objectifs visent à favoriser la surveillance intergouvernementale, notamment sur Internet. À travers des échanges d’informations confidentielles, les pays membres peuvent plus facilement mener leurs investigations. Si les internautes tentent de s’en protéger, en recourant notamment à des VPN, ils ne se doutent pas que cette méthode n’est pas sans faille. En effet, les fournisseurs VPN sont également soumis à certaines obligations dans les pays membres de l’alliance. Ainsi, comment est-il possible de se protéger de cette surveillance globale ?

L’alliance aux 5/9/14 yeux : historique et pays membres

Pour mieux comprendre les risques auxquels ils s’exposent, les internautes se doivent de connaître l’histoire de l’alliance de surveillance internationale. Les 5, puis 9 et 14 yeux ont progressivement conquis de nouveaux territoires et se sont attribués des nouvelles missions. Il faut donc remonter aux origines de la création de l’alliance afin d’identifier ses objectifs, ainsi que l’étendue de sa juridiction.

Description de l'alliance aux 5 yeux, aux 9 yeux et de l'alliance aux 14 yeux

Que se cache-t-il derrière le terme alliance aux 5 yeux, 9 yeux et 14 yeux ?

Quelle est l’origine de l’alliance des Five Eyes ?

La première alliance de surveillance intergouvernementale organisée remonte à la Seconde Guerre mondiale. En 1941, les Alliés (Royaume-Uni, États-Unis et URSS) signent la Charte de l’Altantique. Celle-ci vise à poser les fondements d’une nouvelle politique internationale après la guerre. Parmi ses principes est inscrite l’idée d’une étroite collaboration entre les pays signataires pour garantir le maintien de la paix. C’est là que se dessine pour la première fois l’idée d’une coopération internationale autour de l’espionnage et de la surveillance.

Toutefois, à l’époque, il n’est évidemment pas encore question d’Internet. Ce n’est que lors de la Guerre Froide que l’interception de communications publiques et privées par satellites voit le jour. Les services de renseignement des États-Unis mettent sur pied le programme ECHELON avec le soutien de l’Australie, du Canada, du Royaume-Uni et de la Nouvelle-Zélande. La collaboration entre les espions de nombreux pays du monde se poursuit alors, cette fois contre l’URSS et le bloc de l’Est.

Ainsi, les membres des Five Eyes sont :

  1. les États-Unis ;
  2. le Royaume-Uni ;
  3. l’Australie ;
  4. le Canada ;
  5. la Nouvelle-Zélande.

L’alliance des 9 yeux : un élargissement progressif de la surveillance

Dans les années 1980, plusieurs autres pays ont émis le souhait de rejoindre les Five Eyes. D’autres ont été directement sollicités par les membres afin d’élargir progressivement le dispositif de surveillance internationale. À l’époque, l’expansion concernait essentiellement des nations occidentales qui coopéraient déjà sur d’autres plans. Toutefois, les Five Eyes ont toujours conservé une certaine autonomie et les accords signés avec d’autres pays ne présentent pas les mêmes conditions.

Ainsi, les membres de l’alliance des 9 yeux ne possèdent pas tous les mêmes droits d’accès aux informations échangées. Les Five Eyes ont la primauté sur ces renseignements et choisissent de partager ou non les données collectées avec les quatre autres pays. Les services d’espionnage de ces différents pays communiquent en revanche fréquemment et construisent des opérations en concertation.

Les nouveaux membres des Fives Eyes qui composent l’alliance des 9 yeux sont :

  1. le Danemark ;
  2. la France ;
  3. les Pays-Bas ;
  4. la Norvège.

La France collabore donc étroitement avec les services de renseignement de différents pays. Elle fait partie des États membres de l’alliance des 9 yeux : en conséquence, elle pratique une surveillance d’Internet. Les conditions de cette surveillance ne sont pas explicites et encore controversées. Avec les révélations d’Edward Snowden en 2013, le dispositif a notamment été largement critiqué pour son atteinte à la vie privée des internautes.

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SIGINT Seniors Europe, ou l’alliance des 14 yeux

Outre l’alliance des 5, puis 9 yeux, la Seconde Guerre mondiale a abouti à la création d’une entité connue sous le nom de SIGINT Seniors Europe (SSEUR). Ce dispositif de surveillance s’est construit petit à petit avec comme objectif l’interception de signaux et de communications. Il s’agissait à l’origine d’une initiative des services secrets européens, mais qui s’est rapidement alliée aux Five Eyes.

En ce sens, il est courant de parler aujourd’hui d’alliance des 14 yeux pour décrire la coopération entre SIGINT Seniors Europe et les Five Eyes. Il s’agit ainsi d’une surveillance intercontinentale qui touche aussi bien l’Europe que l’Amérique du Nord et l’Océanie.

Les nations qui viennent s’ajouter aux Nine Eyes sont ainsi :

  1. la Belgique ;
  2. l’Italie ;
  3. la Suède ;
  4. l’Allemagne ;
  5. l’Espagne.

La révélation de la liste des pays membres est encore assez récente. Elle fait partie d’un ensemble de fuites attribuées aux services secrets américains (NSA), et divulguées par Edward Snowden en 2013. L’alliance des 14 yeux pourrait en réalité être bien plus importante et s’étendre à d’autres continents.

À quoi sert la surveillance internationale de l’alliance des 14 yeux ?

Si l’expansion internationale de l’alliance des 14 yeux ne fait aucun doute, encore faut-il se demander dans quels buts elle agit. À l’origine, elle émane de la volonté de résoudre des conflits mondiaux et de préserver la paix à l’échelle globale. La coopération des services de renseignement a ainsi permis de déjouer certaines attaques militaires. Toutefois, il semble que ces usages ne soient pas aujourd’hui les seuls à motiver la poursuite de cette collaboration.

Pourquoi la surveillance internationale est-elle en place ?

Les objectifs de la surveillance internationale sur Internet.

L’alliance des 14 yeux favorise dorénavant la surveillance des activités en ligne des internautes. Celle-ci se fait parfois même au détriment des lois présentes dans le pays. En effet, si un gouvernement ne peut lui-même espionner sa population, il a l’opportunité de charger les services de l’un des membres de cette mission. La vie privée et la confidentialité des informations de chacun se trouvent donc menacées par le potentiel d’action d’une telle organisation.

En somme, les objectifs actuels de l’alliance des 14 yeux incluent :

  • l’élaboration de fichiers de renseignement sur des individus ou des groupes ;
  • le recueil d’informations confidentielles ;
  • l’écoute et l’interception de conversations privées, parfois directement liés à des gouvernements ;
  • la collecte des données des entreprises ;
  • l’analyse des échanges par mail via des messageries non protégées (Gmail, Yahoo).

Les missions citées ci-dessus ne sont que des exemples des pratiques connues de l’alliance des 14 yeux. Ils démontrent que la raison d’être de ce regroupement va aujourd’hui bien au-delà de perspectives militaires. Les pays membres semblent contourner les restrictions de leurs propres lois afin de surveiller la population. Cette idée s’apparente à une théorie conspirationniste pour certains, mais il n’en est rien. Les activités de l’alliance des 14 yeux ont été souvent confirmées par des scandales à échelle mondiale ou nationale.

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Les VPN et l’alliance des 5/9/14 yeux : quels sont les risques ?

Pour se prémunir de la surveillance intergouvernementale, de plus en plus d’internautes utilisent des VPN pour naviguer sur le Web. Ils estiment que ces logiciels les protègent de l’alliance des 14 yeux grâce au tunnel de connexion chiffré qu’ils établissent. Néanmoins, il semble aujourd’hui que la situation est bien plus complexe que cela. Si certains VPN peuvent permettre d’échapper aux services de renseignements internationaux, ce n’est pas le cas de tous.

La confidentialité des données des utilisateurs de VPN menacée par la surveillance

L’un des arguments majeurs des fournisseurs VPN consiste à garantir à leurs clients une confidentialité sans faille. Ils affirment pouvoir protéger l’intégralité de leurs informations grâce à leurs protocoles et fonctionnalités de sécurité. S’il est vrai que les VPN chiffrent la connexion internet et cryptent les données, ils n’en demeurent pas moins infaillibles. L’alliance des 14 yeux sait notamment exploiter l’un de leurs principaux défauts : la politique de confidentialité.

Par les termes « politique de confidentialité », il faut entendre le document officiel qui stipule quelles informations et données sont conservées et utilisées par un service. Sur Internet, la plupart des sites possèdent ce type de texte devenu essentiel aux yeux de la loi. Une politique de confidentialité protège les administrateurs d’un site en explicitant le fonctionnement de celui-ci. En cas de litige, le texte tient lieu de référence.

Si la majorité des VPN du marché se présentent comme « no log« , c’est-à-dire ne tenant aucun registre, il convient de nuancer cet argument. En effet, dans les pays membres de l’alliance des 14 yeux, toute politique de confidentialité est menacée par la surveillance mise en œuvre. Les gouvernements se donnent ainsi le droit d’exiger les registres de données de n’importe quel service sous prétexte de sécurité. En ce sens, tout VPN qui détient des informations sur ses utilisateurs a la possibilité de les compromettre.

Une remise en cause de la qualité du chiffrement des VPN localisés dans l’alliance

Outre les écueils au niveau de la confidentialité, les VPN localisés dans l’alliance des 14 yeux présentent une autre faille. Ce problème ne concerne par ailleurs pas que les quatorze pays cités plus haut, mais également d’autres États qui exercent une surveillance sur Internet. Il s’agit de doutes sérieux concernant la qualité du chiffrement appliqué par les VPN.

En effet, pour être effectif, le chiffrement s’appuie sur différents éléments. Il faut d’abord tenir compte du protocole de sécurité qui se doit d’être fiable. Les protocoles comme PPTP ou SSTP ne posent aucun problème aux services de renseignements des 14 yeux. Il vaut donc mieux les éviter tout simplement.

En parallèle du chiffrement, le VPN réalise également un cryptage des données échangées dans le tunnel de connexion au serveur. Cette sécurité supplémentaire a pour but de rendre illisibles les données en cas d’intrusion dans le tunnel. Cependant, la cryptographie exige une totale confidentialité pour véritablement garantir l’anonymat. Si les clés de cryptage sont divulguées à autrui, les données deviennent à nouveau exploitables. C’est ce qui se produit dans plusieurs pays, où les clés sont systématiquement ou parfois délivrées aux autorités. Voici un guide pour mieux connaître les États concernés :

La fiabilité des cryptages VPN de différents pays
 Délivrance de la clé de cryptage aux autorités Systématique Éventuelle  Limitée
Pays concernés Afrique du Sud, Australie, Canada, France, Inde, Irlande, Norvège, Royaume-Uni, Russie. Belgique, Estonie, États-Unis, Finlande, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande. Allemagne, Islande, Italie, Pologne, République tchèque, Suède, Suisse.
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Les meilleurs VPN en dehors de la juridiction des 5/9/14 yeux

Maintenant que les risques à souscrire un VPN soumis à la juridiction des 5, 9 ou 14 yeux sont explicites, il convient de s’attarder sur les autres VPN. Il existe en effet de nombreux fournisseurs qui ont conscience du problème et tentent de préserver leurs abonnés de la surveillance. Pour cela, ils s’installent en dehors de la juridiction de l’alliance et profitent des lois d’autres pays plus rigoureux sur la confidentialité. Voici donc quelques conseils pour choisir le meilleur VPN pour se protéger des yeux indiscrets.

Les juridictions à privilégier dans le choix de son VPN

Lors de la souscription d’un VPN, il convient d’éviter les pays membres de l’alliance des 14 yeux et ceux qui contribuent de manière plus indirecte à la surveillance de masse. Ainsi, pour rappel, les juridictions à proscrire sont :

  • les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, l’Australie et la Nouvelle-Zélande (Five Eyes) ;
  • la France, le Danemark, les Pays-Bas et la Norvège (Nine Eyes) ;
  • la Belgique, l’Italie, la Suède, l’Allemagne et l’Espagne (Fourteen Eyes) ;
  • Israël, le Japon, Singapour et la Corée du Sud (pays impliqués indirectement).
Résumé des juridictions à privilégier pour son VPN

Sélection des meilleures juridictions à privilégier pour son VPN.

Cela représente déjà grand nombre de nations européennes et nord-américaines. Il faut ajouter à cela les pays où l’utilisation d’un VPN est illégale, soit notamment la Chine, l’Iran, la Biélorussie ou la Russie. Toutefois, il demeure bien des pays du monde où les fournisseurs VPN peuvent s’installer sans crainte. Il s’agit souvent de pays en marge de l’Union européenne, ou d’îles où la juridiction diffère des nations occidentales.

Les juridictions à privilégier pour choisir un VPN fiable sont donc :

  • la Bulgarie, la Roumanie, la Grèce, la Finlande, Saint Marin et Gibraltar ;
  • la Malaisie et Hong Kong ;
  • le Panama, les Îles vierges britanniques et les Îles caïmans ;
  • les Seychelles.

Quelques exemples de VPN en dehors de l’alliance de 5/9/14 yeux

Dans la perspective de faciliter le choix des internautes, il convient de proposer quelques exemples de VPN fiables. Ces suggestions ont été établies sur la base de la juridiction à laquelle appartient le fournisseur VPN. Aucun de ces VPN ne présente donc de risques du point de vue de l’alliance des 5, 9 et 14 yeux. Les consommateurs peuvent puiser sans crainte dans cette liste pour satisfaire leurs besoins en termes de confidentialité.

Parmi les VPN à mentionner, il est préférable de commencer par les plus connus. À ce titre, NordVPN, ExpressVPN, ou CyberGhost figurent en tête de liste. Ils sont respectivement situés au Panama, aux Îles vierges britanniques et en Roumanie. Ces juridictions ne posent pas de problème concernant la confidentialité, d’autant plus que les politiques de no log de ces VPN s’avèrent très strictes. Ils disposent par ailleurs de fonctionnalités et de protocoles de sécurité très performants qui garantissent un anonymat durable.

Outre les géants du marché, il faut évoquer d’autres VPN fiables en dehors de l’alliance des 14 yeux. Des fournisseurs comme Trust.Zone VPN, Hide.me, Ivacy VPN ou Pure VPN valent également l’investissement. Ils se situent aux Seychelles, en Malaisie, à Singapour et à Hong Kong. S’ils ne bénéficient pas d’une renommée équivalente aux précédents, leurs performances et leurs prix peuvent convaincre les consommateurs.

Restent à mentionner Astrill VPN, Droid VPN, Rus VPN, VeePN, des fournisseurs également localisés hors de la juridiction de l’alliance. Il s’agit toutefois de services moins performants, voire de VPN gratuits, qui présentent donc d’autres types de risques.

Conseils de MonPetitVPN

Lors de la sélection de son VPN, l’internaute ne doit pas seulement prendre garde à la juridiction dont il dépend. D’autres paramètres peuvent influer sur la confidentialité accessible avec le logiciel. Les protocoles de sécurité, le niveau de chiffrement et la qualité du cryptage s’avèrent tout aussi essentiels. Afin de garantir son anonymat à tout instant, le client a également intérêt à effectuer des tests de fuites DNS et d’IP avant d’utiliser le VPN.

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