La concurrence entre opérateurs internet n’a pas forcément que des avantages pour le portefeuille des consommateurs. Ceux-ci pourraient en effet subir les désagréments d’un passage parfois forcé au très haut débit sur le territoire. Le déploiement de la fibre optique, bien qu’en net progrès, est en effet loin d’être achevé ; et même une grande partie des foyers éligibles n’y ont pas (encore) souscrit. Pour autant, la fin de l’ADSL semble maintenant inévitable, autant du fait de la croissance du transit de données — et la numérisation des échanges avec la pandémie mondiale — que du coût d’entretien de ce réseau. Toutefois, à la fois cause et conséquence de cet état de fait, Orange souhaite une augmentation généralisée du prix des abonnements internet à l’ADSL, et pas uniquement pour sa propre grille tarifaire mais au contraire pour tous les FAI. Une proposition qui pourrait faire long feu, tant les réticences sont nombreuses.
Le coût démesuré pour l’entretien du réseau cuivre ADSL pour Orange
France Télécom, l’ancêtre d’Orange, a hérité suite à l’ouverture du marché des télécoms de la responsabilité de nombre d’infrastructures. Parmi celles-ci, le réseau fixe cuivré, qui supporte nombre de protocoles de communications de données ; parmi lesquels, des lignes téléphoniques et de télévision, mais aussi les abonnements ADSL dégroupés. Une situation du fait de l’ARCEP, soucieuse d’accompagner en douceur la fin d’une situation de monopole en ne laissant personne sur le carreau — ni les divers acteurs concurrents entre eux, ni évidemment les consommateurs.
Toutefois, Orange estime en avoir trop supporté. L’acteur historique d’internet en France fait face à un réseau vieillissant, présentant chaque jour plus de dysfonctionnements sur l’ensemble du territoire. Les pannes chez Orange sont nombreuses, tout comme pour les autres opérateurs internet ; et une grande partie de ces problèmes provient de cette infrastructure cuivre, qu’il s’agisse de pannes ADSL ou téléphoniques. Avec plusieurs dizaines d’années à son actif, le réseau antérieur à la fibre optique fait face à des avaries considérables.
Orange a donc un double intérêt à accélérer la fin de ce protocole. D’une part, le fournisseur d’accès est le seul à supporter le prix d’entretien du réseau cuivre / ADSL, soit plusieurs centaines de millions d’euros par an, malgré une compensation des autorités et de ses concurrents grâce aux tarifs de dégroupage notamment : il s’agit donc pour lui de compresser à terme ce coût pour une technologie sur le déclin. D’autre part, le leader des télécoms s’inscrit dans l’idée de pousser l’intégralité du territoire — et donc des internautes — à passer à la fibre optique ; le but est de couvrir 100% de la population en fibre à l’horizon 2025. Un objectif ambitieux, surtout avec le retard pris depuis la crise sanitaire, mais pour lequel les acteurs s’activent.
Une hausse du prix de l’ADSL pour accélérer la fin de vie de ce réseau ?
La proposition d’Orange pour sortir de cette impasse et assurer la transition numérique dans l’Hexagone fait néanmoins grincer des dents. Et pour cause : pour compenser le manque à gagner, l’opérateur historique propose de hausser le prix de l’ensemble des abonnements ADSL. Le but avoué de l’opération est double — remplir en partie ses caisses pour assurer les frais d’entretien du réseau cuivre d’un côté, pousser les utilisateurs à souscrire des offres fibre optique de l’autre ; et donc accélérer la fin de l’ADSL à terme. En fin de compte, Orange avoue vouloir augmenter les tarifs de dégroupage à hauteur de 33% pour combler ce que l’opérateur qualifie en creux de gouffre financier.
Cela pourrait donc susciter la grogne des groupes de consommateurs, mais pas uniquement. La concurrence à Orange n’entend pas se voir imposer une hausse unilatérale de ses tarifs ; à commencer par Free, opérateur fixe et mobile particulièrement réputé comme le trublion des télécoms face à Orange notamment. Après le désaccord ayant opposé les deux FAI concernant le partage du réseau 5G, le torchon continue de brûler : Xavier Niel, PDG de Free, accuse ainsi son homologue Stéphane Richard côté Orange d’une gestion calamiteuse de ce réseau bénéficiant pourtant d’une délégation de service public. Selon Free, la hausse du prix de l’ADSL, telle que proposée par Orange, ne bénéficierait en l’espèce qu’à ce dernier.
En l’état, difficile à dire quel pourrait être l’impact concret de ces effets d’annonce dans les années à venir sur les tarifs des offres internet fixes. Cela intervient à peine une semaine après le changement officiel de présidente à l’ARCEP ; prédire le comportement de la haute autorité des télécoms face à ces projets est donc une gageure.
Reste que ce débat pose la question des zones blanches sur le territoire français — et de l’accès équitable au numérique de manière plus générale. La fibre est encore loin d’être accessible à tous ; et s’il paraît difficile à moyen terme de sauver l’ADSL, trouver des solutions de sauvetage est urgent dans une bonne partie des communes rurales du pays. Deux options majeures à retenir en attendant le très haut débit : la 4G fixe d’une part, l’accès internet par satellite de l’autre. Des solutions qui restent tout de même relativement onéreuses pour un débit pas forcément idoine, des infrastructures là encore pas forcément au rendez-vous, une saturation déjà proche des réseaux en question, et un volume mensuel parfois plafonné en données mobiles… Charge à Orange de ne pas s’attirer les foudres des collectivités locales.
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